Baromètre du numérique 2015
Forte progression de l’équipement et de l’usage d’internet en téléphonie mobile. Les objets connectés ne suscitent pas d’engouement particulier sauf en domotique. Synthèse de la dernière enquête du Credoc…
Le CREDOC a réalisé en juin 2015 la 15ème édition du Baromètre du numérique pour le compte du Conseil Général de l’Economie (CGE) et de l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (ARCEP). Cette édition, présentée fin novembre dernier à partir d’un échantillon de 2 209 personnes représentatif de la population française de 12 ans et plus, précise l’usage des technologies internet que font et vont faire les Français.
La fin de la téléphonie fixe ?
Premier enseignement : le duo traditionnel téléphonie fixe et micro-ordinateur marque le pas, au profit des tablettes et des smartphones et le multi-équipement en ordinateur accuse une nette baisse. Les connexions à internet à domicile progressent pourtant de 1 point pour s’établir à 83% des ménages. Les moins de 40 ans sont plus de 90% à avoir accès à une connexion fixe à internet à leur domicile et les 12-17 ans ont quasiment tous accès à internet chez eux. Mais l’équipement en téléphone mobile (92%, +3 points) devance désormais l’équipement en téléphone fixe (89%). Moins d’une personne sur dix n’a pas de téléphone portable en 2015, proportion désormais plus faible que ceux n’ayant pas de téléphone fixe (11%).
Et l’équipement des ménages en tablettes tactiles et en smartphones continue de progresser à un rythme soutenu (+12 points pour les smartphones ; +6 points pour les tablettes). Pour sa part, l’INSEE indique ainsi que la vente de smartphones sans engagement explose en 2014 (+70%), renforçant leur suprématie sur le marché : trois téléphones achetés sur quatre sont dorénavant des smartphones.
On observe cette année une forte évolution de l’accès au smartphone pour quasiment toutes les catégories sociales. Néanmoins le taux d’équipement reste fortement corrélé à l’âge et au niveau de diplôme. La plus forte progression concerne les 12-17 ans dont le taux passe de 59% en 2014 à 87% en 2015.
84% d’internautes en France, dont 100 % des 12-40 ans
Sans surprise, les usages liés à l’internet sur téléphone mobile bénéficient de la forte progression du taux d’équipement en smartphones. Navigation sur internet (52%), consultation des courriels (45%) et téléchargement d’applications (44%) progressent de 8 à 9 points en un an. Les nouvelles pratiques mesurées depuis l’an dernier bénéficient de la même tendance : 36% des personnes interrogées utilisent un téléphone mobile pour la géolocalisation (+8 points). L’usage des messageries instantanées pour échanger des messages (25%, +8 points) ou téléphoner (17%, +5 points) se diffuse également de façon significative. Le recours à ces nouveaux usages est le plus souvent le fait des moins de 40 ans.
En terme de fréquence, quel que soit le mode ou le lieu de connexion, y compris sur téléphone mobile, l’utilisation d’internet est surtout quotidienne : 68 % des personnes interrogées déclarent se connecter tous les jours. A noter que la plupart des personnes qui ne sont pas équipées d’une connexion internet à domicile n’accèdent pas non plus à internet de façon « nomade » à partir d’un téléphone mobile.
Achat-vente, démarches administratives, loisirs : toujours plébiscités sur internet
L’habitude de faire des achats en ligne se maintient et concerne toujours 55% des enquêtés (le taux est stable depuis deux ans). Mais internet devient un outil de plus en plus incontournable dans le processus d’achat : beaucoup d’individus utilisent internet pour s’informer via commentaires et évaluations laissés par des usagers ou des acheteurs. C’est entre 25 et 39 ans que la probabilité d’achat est la plus forte (82%). Plus le niveau de diplôme de la personne est élevé, plus son niveau de vie est élevé et plus grande est la probabilité qu’elle ait effectué au moins un achat sur internet. Même schéma pour les démarches administratives : plus le niveau de diplôme et les revenus sont élevés, plus le recours à l’e-administration est fréquent. Et les loisirs restent largement majoritaires en terme d’utilisation d’internet. Près d’une personne sur deux écoute ou télécharge de la musique sur internet. Plus d’une personne sur trois regarde sur internet la télévision (en direct ou en replay), des films ou des vidéos. Sans oublier les réseaux sociaux qui continuent à attirer de nouveaux utilisateurs. Plus d’une personne sur deux est membre d’un réseau social sur internet essentiellement pour maintenir des liens avec ses proches et se divertir. Néanmoins les réseaux sociaux ont une nouvelle dimension, ils servent de plus en plus à s’informer sur l’actualité.
Autre tendance de fond, internet est de plus en plus consulté pour la santé : les recherches sur ce thème concernent 41% de la population (+4 points en 4 ans).
Six grands groupes de population
Au global, cinq grands groupes de population apparaissent, définis à la fois par l’intensité et le type d’usages qu’ils font d’internet. A cela s’ajoute le dernier groupe, celui des non internaute (16% de la population).
29% sont des usagers qui exploitent au mieux toutes les possibilités offertes par internet.
34% se sont spécialisés dans certaines pratiques : musique et audiovisuel pour les jeunes, simplification des tâches de la vie quotidienne pour les utilitaristes qui représentent 20% de l’ensemble de la population. Les 37% des Français restants sont plus éloignés d’internet, au mieux ils sont des internautes très occasionnels.
Connectique, oui mais…
En quatre ans, la proportion de lecteurs de livres numériques a doublé (4% à 8%). Mais 72 % des enquêtés déclarent encore ne jamais vouloir lire de livres au format numérique. Les objets connectés dans la domotique séduisent beaucoup plus : près de quatre personnes sur dix se disent prêtes à les utiliser (+10 points en 4 ans). Les systèmes de commande à distance d’appareils équipant les domiciles connaissent donc un engouement croissant. Accueil plus mitigé pour les objets connectés à vocation sanitaire (bracelets qui détectent les mouvements, balances électroniques …) en raison d’un manque de confiance dans la protection des informations collectées et donc de leur vie privé. Cette crainte rejoint les résultats d’une étude menée par la Mobile Marketing Association France en 2015 sur les comportements des consommateurs face au marketing mobile. Les Français se montrent plus méfiants quand le marketing mobile peut devenir intrusif et s’emparer de leurs données privées. Le mobile présente des risques d’envahissement par des communications non souhaitées (SPAM) ou du piratage d’informations personnelles : 67% craignent de communiquer des informations aux marques à leur insu. La protection des données personnelles reste donc un enjeu majeur pour les entreprises afin de se garantir la confiance des consommateurs.
Sources :
Baromètre du numérique édition 2015 CREDOC
Mobile Marketing Association