AVH Films : des vidéos professionnelles à partir d’une application mobile

AVH videotool

Producteur lorrain de films de prévention, AVH Films a développé un concept original de vidéos personnalisables à partir d’une application mobile. Le Cluster Image & Numérique va leur permettre de franchir un nouveau cap.

Suite à une longue expérience dans la production audiovisuelle de courts métrages destinés à la formation professionnelle et la prévention santé sécurité, la société AVH Films implantée à Pompey (54) a intégré la technologie d’images numériques pour développer un produit vidéo dont la particularité est d’être totalement personnalisable pour et par une entreprise et ses salariés. L’application Videotool permet d’obtenir, à l’aide d’un simple smartphone, des images de qualité professionnelle. L’utilisateur peut ainsi se consacrer au contenu l’esprit libéré des questions techniques. Résultat : un film efficace, fidèle aux réalités de l’entreprise et diffusable sur ordinateurs portables, smartphones ou tablettes à tout moment. Autre avantage : faire travailler les équipes ensemble à l’adaptation des films pour leur permettre de refaire les mouvements et, de fait, mémoriser les consignes et procédures.

Antoine Huet, dirigeant d’AVH Films, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et mise toujours sur la technologie numérique.

AVH Films existe depuis 10 ans. Vous êtes spécialisé dans l’audiovisuel d’entreprise. Comment décrivez-vous votre activité principale ?

Antoine Huet : Notre savoir-faire, notre expertise, c’est la production c’est-à-dire la maîtrise d’œuvre d’un projet audiovisuel : partir de l’idée pour arriver au film livré fini, en respectant le budget et les attentes du client. Depuis 2009, nous avons produit principalement des supports de prévention sécurité pour Saint-Gobain PAM [ndlr : leader des solutions complètes de canalisations en fonte ductile pour les réseaux d’eau et d’assainissement] avec un format un peu particulier. Le Directeur de la Communication d’alors nous avait demandé d’importer de la fiction dans l’entreprise à des fins de sensibilisation du personnel. Les salariés étaient saturés de formations classiques sur la sécurité, ce qui nuisait à la prise de conscience de certaines situations à risque. L’idée était de les impliquer totalement en tournant avec eux des situations réelles sur leur lieu de travail. Le produit qu’on a livré a énormément plu à ces salariés. Le fait de se reconnaître décuple la force et l’impact de l’image. Devant le succès total de ce premier épisode, une série en 12 volets, avec des films de 4 à 5 mn, a été réalisée. Tout ce que nous avons appris en prévention sécurité l’a été avec cette série qui a également été un succès au sein du groupe Saint-Gobain à tel point qu’elle a obtenu en trois ans 2 Etoiles de la Communication et un Diamant de la sécurité, distinctions très prestigieuses au sein du groupe Saint-Gobain. Nous avons ainsi continué de travailler avec d’autres métiers dans le groupe puis nous avons exporté cette formule dans le groupe Lhoist [ndlr : 1er producteur mondial de chaux vive, matériau indispensable pour le BTP et la sidérurgie].

Pourquoi alors avoir décidé d’aller vers l’image numérique et les applications web ?

L’année 2013 a été extrêmement difficile pour nous. Depuis quelques années, la crise n’épargnait pas le domaine de l’audiovisuel en général. Jusqu’à présent, nos prescripteurs étaient les services communication. Or, fin 2013, les budgets communication fondaient comme neige au soleil et nos clients directs prescripteurs ont été mutés. C’était la disparition quasi-totale de notre carnet de commandes en l’espace de 8 mois ; le moment pour nous de nous remettre en question. D’autant que d’autres difficultés menaçaient notre activité : très courte durée de vie des films (2 ans maximum), pillage par d’autres formateurs, format rigide et non évolutif.

Notre niche – hygiène et prévention – est prometteuse mais nos coûts de production sont trop élevés et ne peuvent pas être baissés. Autrement dit, les budgets pour les formations en hygiène et sécurité sont bien maintenus, ils sont même très nombreux, mais ils sont bas : environ 1500 euros par établissement. A ce prix là, on ne peut rien faire en audiovisuel traditionnel.

L’alternative numérique s’est donc vite imposée ?

avhfilmsTout à fait. Il nous fallait repenser notre modèle économique et c’est là que je me suis intéressé aux possibilités offertes par le numérique en m’appuyant sur une ancienne prestation que nous avions réalisée pour Saint-Gobain PAM au cours d’un séminaire d’intégration de nouveaux collaborateurs. Nous leur avions alors proposé une activité de réalisation de films avec des tablettes et ça s’était très bien passé : tout le monde était mobilisé à fond, même ceux qui n’étaient pas habitués aux nouvelles technologies.

Notre idée a donc été de s’orienter vers une solution 100% numérique qui réponde à toutes nos problématiques (pillage, rigidité, coûts, obsolescence) et qui s’inscrive en plus dans la grande tendance de fond du « do it yourself ». En résumé, tous les gens qui ont un smartphone filment. Il faut donc leur créer une application pour permettre à l’utilisateur de réaliser des séquences. L’entreprise va ainsi pouvoir insérer sa réalité propre dans une structure adaptable, un squelette, une trame qui va devenir un vrai film. Les collaborateurs réalisent eux-mêmes directement avec un smartphone (android ou ios) les prises de vue nécessaires selon des indications précises. Notre monteur récupère les séquences vidéo réalisées, les intègre en une heure à peine et retourne un produit finalisé. La prestation est donc beaucoup moins coûteuse et génère un énorme impact en usine. Les gens participent au tournage en groupe, se sentent hyper impliqués et récupèrent ensuite un vrai film de qualité professionnelle à leur image.

Mais si l’utilisateur n’a aucun bagage technique ?

Aucun problème car la démarche est tutorée à fond. C’est comme une application grand public : on se débrouille tout seul ; ce n’est pas pour les geeks, loin de là. Il faut simplement aller sur le poste de travail concerné et trouver le bon angle de prise de vue. Dans l’entreprise, les encadrants Environnement Hygiène et Sécurité ont accès à une sorte de youtube privé pour récupérer le film trame ; ils désignent ensuite les personnes qui vont réaliser telle ou telle séquence du film.

Comment avez-vous fait pour négocier ce virage technologique ?

Nous avons eu une aide de BPIfrance pour valider la faisabilité technique de ce nouveau procédé. Puis nous avons initié un partenariat avec l’IPS branche santé sécurité du Groupement des Entreprises Sidérurgiques et Métallurgiques (GESIM), principal syndicat professionnel, pour financer une dizaine de films de prévention.

Mais en juin dernier, nous avons commencé à atteindre les limites technologiques en termes de développement informatique d’applications. Il fallait absolument renforcer notre savoir-faire technique car le modèle économique était là, les perspectives commerciales aussi.

Et c’est là que cinestic est intervenu ?

Tout à fait ! La rencontre avec le Cluster cinestic a été déterminante pour nous au sens où il nous a permis de franchir un cap : renforcer la structure existante et charpenter notre projet.

Nous avons bénéficié d’une part d’un accompagnement très pointu pour monter le dossier de candidature de l’appel à projet (AAP) Image & Numérique lancé par le Conseil régional de Lorraine et, d’autre part, d’une réflexion globale sur notre positionnement marché et notre organisation interne. De là est née l’idée de travailler sur un outil supplémentaire qui est le montage automatique. Nous avons ainsi monté un consortium avec notre prestataire local, développeur d’application web. L’obtention de l’AAP est une caution qui a complètement rassuré nos clients, voire changé le regard qu’ils avaient sur nous : de PME prestataire, nous sommes devenus de véritables partenaires. Cinestic a permis de transformer l’essai. C’est également un réseau d’une force, d’une diversité et d’une richesse hyper large, grâce auquel nous explorons déjà des partenariats cruciaux pour notre croissance. Pour nous, ils ont fait preuve d’un partenariat actif et engagé.

Comment s’annonce l’année 2016 ?

La nouvelle technologie devrait être mise sur le marché à partir de l’été. Les tests sont pour bientôt. La phase 2, celle du montage automatique, va nous permettre d’aller plus loin et de pouvoir affronter un volume de données beaucoup plus important. Ce projet, c’est vraiment un chantier de montée en puissance pour pouvoir affronter l’international. Si tout va bien, c’est l’instrument pour assurer notre croissance car ce programme va nous permettre de gérer de très gros volumes de montage et également de répondre très vite à l’utilisateur. C’est un avantage qui nous rapproche du secteur formation. Après, on pourra aussi imaginer des nouvelles solutions de stockage et de prises de vue complémentaires. Tout est ouvert. Et cinestic sera là pour nous tutorer !

Sources :
www.gesim.fr (accueil / institutions / IPS)
www.avhfilms.com